Si vous étiez un animal, vous seriez ?
... un caméléon.
Qu’est ce qui vous fait lever le matin ?
... la perspective d'une belle journée de retraité, sans stress ni obligations urgentes.
Qu’est ce qui vous répugne le plus ?
... l'injustice.
Qu’est ce qui vous fait sourire ?
... mes deux prochaines réponses.
Quelles sont les personnalités que vous ne supportez pas ?
... elles sont très nombreuses actuellement...
Avec qui aimeriez vous passer une nuit ?
... même réponse que pour la question précédente.
Quel est votre pire souvenir ?
... Je l'ai oublié...
Comment avez-vous commencé votre art ?
... J'ai commencé à écrire lorsque j'étais pensionnaire chez les Jésuites. J'avais 11 ans. La vie professionnelle ne m'a pas laissé beaucoup de temps. A présent que je suis en retraite, je prends du plaisir à participer aux exercices d'écriture proposés par différents blogs sur le net.
Quelques mots de présentation :
Je suis un authentique artiste.
J’espère ne pas vous étonner par cette affirmation. Pour ceux (fort peu nombreux) dont l’enthousiasme serait légèrement teinté d’incrédulité, je vais en faire la démonstration historique. Les autres peuvent retourner à des occupations normales. Autant dire que je suis fort méritant de m’échiner à poursuivre, pour deux ou trois misérables sceptiques.
Je ne me servais pas encore d’une plume, que l’on remarquait déjà mon coup de crayon. J’ai commencé, en effet, par être dessinateur.
Ensuite, je me suis fait poète. Racine me pompait et Corneille me faisait bailler, j’ai donc écrit ma propre poésie. Je tiens à votre disposition des carnets entiers d’alexandrins. Toutefois, je vous en déconseille vivement la lecture, le bonheur étant fait d’ignorances.
C’est au collège également que je suis devenu comédien de théâtre. Il me faut confesser que c’est durant cette période que j’ai remporté mes premiers véritables succès. Cependant, la célébrité ne s’est pas déclarée immédiatement. J’ai connu quelques débuts difficiles. Périodes hostiles durant lesquelles il ne fut pas permis à mes talents de s’exprimer pleinement. J’ai en effet tenu successivement le rôle du petit Jésus, rapport à mon air angélique, et celui d’un troubadour qui devait chanter en vieux français, alors que j’avais déjà du mal à apprendre le français moderne. Loin de me décourager, et plus obstiné que jamais, j’ai fini par obtenir un rôle à la mesure de mes capacités : « La septième femme de Barbe-Bleu ». Mon premier grand rôle.
La pièce s’appelait « La septième femme de Barbe-Bleu », et la septième femme de Barbe-Bleu, c’était moi. J’étais donc le personnage central de la pièce, la femme de la situation. Si je tombais malade, il fallait rembourser les billets. Quinze jours durant, nous avions confectionné des masques en papier mâché, à grands renforts de colle et de vieux journaux. Ah, si vous aviez vu ma gueule, vous ne douteriez plus de mon triomphe. Je ne vous ferai pas l’injure de vous rappeler l’histoire de Barbe-Bleu et de ses sept femmes. Elle est tellement connue de chacun et chacune. C’est une histoire qui commence par « Il était une fois... ». Nous l’avions un peu disons personnalisée, mais de façon très superficielle, le fond restant au fond. Les dialogues avaient été disons modernisés, mais sans atteinte au sens profond de l’histoire qui est resté (et restera toujours) très profond. Ainsi, en ce qui me concernait, mon texte se résumait à une seule réplique qui était « turlututu ». Voilà qui me mettait à l’abri des trous de mémoire.
N’allez surtout pas imaginer que la brièveté de mon intervention orale pouvait nuire à l’intérêt de mon personnage. Que nenni ! Les autres rôles (forcément secondaires) qui s’agitaient autour de moi avec des dialogues plus substantiels que le mien, ne me servaient que de faire valoir. Toute la question était de savoir ce qui allait m’arriver. J’étais l’incarnation du suspens de la pièce. C’est à travers moi que la salle réagissait. C’est pour moi qu’elle tremblait où se prenait à espérer. C’est vers moi que convergeaient tous les regards. C’est moi qui l’ai fait se tordre de rire en portant mon doigt à la bouche de mon masque alors que le méchant Barbe-Bleu me grondait. Une improvisation, un coup de génie, une intuition comme seuls en ont les plus grands !
Après ce succès, mon ascension fut irrésistible.
Les metteurs en scène n’hésitaient plus à me confier des rôles importants aux textes beaucoup plus élaborés. J’ai même joué « en attendant Godot » de Samuel Beckett, ce qui m’a fait passer le temps. Mais mon « sommet » théâtral, je le vécus dans le rôle du fils du Roi Henri dans une pièce historique de Shakespeare. Ce personnage dont l’importance ne saurait vous échapper, je l’ai joué dans un vrai théâtre avec un vrai public. La pièce ne pouvait donc être jouée que par de vrais acteurs. Le théâtre de Dôle, puisque c’est de lui dont il s’agit, est un petit théâtre auquel il ne manque rien. Je l’appréciais de longue date, en ma qualité (une de plus) de membre des « Jeunesses Musicales de France ». Cette fois, ma qualité (encore une) de prince me fit découvrir l’envers du décor.
Je ne me souviens plus de mon texte, ni même si j’en avais un. Ce dont je suis certain, c’est que mon rôle consistait essentiellement à me faire botter le cul par le Roi, mon père. Ce dernier traduisait sur mon envers le courroux qu’il nourrissait à mon endroit. C’était un rôle très difficile. Je veux parler du mien, naturellement. Non pas que je cherche à dévaluer celui du Roi, mais je le répète, c’était un rôle très pénible. Surtout pendant les nombreuses répétitions. D’autant plus que le Roi, pour mieux s’imprégner de son personnage, refusait toute simulation.
Est-ce le trac ? Est-ce la nervosité des jours de « première » ? Toujours est-il que le Roi n’exécuta pas le coup de pieds au cul qui m’était destiné dans les règles de l’art. Pourtant, mon fessier était bien là où il devait être. Pour ma part, je tenais mon rôle à la perfection. J’attendais avec la désinvolture de celui qui est sûr de son coup, mais sans laisser-aller excessif. Le coup porta trop bas, et ce furent les deux joyeuses qui réceptionnèrent malencontreusement l’escarpin royal, et s’en trouvèrent fort attristées. Le choc m’expédia sine die dans les coulisses où j’évitai avec l’agilité et la présence d’esprit qui me caractérisent lorsque je viens de recevoir un coup de pieds au cul, une grosse caisse et une batterie de tambours placées là par un futur chômeur (*).
Je vous l’avais dit, je suis un artiste. D’ailleurs, je suis né en septembre et tous les gens qui sont nés en septembre sont des artistes. Maurice Chevalier est né le 12 septembre 1888, Agatha Christie est née le 15 septembre 1890, Sophia Loren le 20 septembre, mais aussi Ray Charles, Julio Iglesias, Scott Fitzgerald, Charles Perreault, William Faulkner, Michael Douglas, Georges Gershwin et même Miguel de Cervantes, auteur de Don Quichotte est né exactement quatre siècles avant moi.
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(*) Je garde de l’unique représentation de cette pièce de Shakespeare (une fresque historique d'un roi Henri dont j'ai perdu le numéro mais qui ne démérite pas pour autant) des souvenirs tellement pénibles qu'il ne m'est possible de les livrer qu'à doses homéopathiques.
Après cette très regrettable rencontre avec l’escarpin royal (voir plus haut) il y avait une scène dans cette pièce durant laquelle le roi discutait avec un autre personnage dont j'ai oublié le nom et le reste. Cette scène avait cela d'intéressant pour moi qui tenais le rôle du fils du roi (ainsi qu’il me semble vous l’avoir déjà dit) qu'elle ne faisait pas intervenir le fils du roi.
Je pouvais donc rester tranquillement dans les coulisses, ce qui me convenait parfaitement, ma timidité faisant que j'ai toujours été plus à l'aise dans les coulisses que sur le devant de la scène.
Cela est vrai aujourd'hui et l'était bien davantage quand j'avais quatorze quinze ans. Or, j'avais précisément environ quatorze quinze ans lorsque l'on m'avait demandé de tenir le rôle du fils du roi, rôle prestigieux que je n'avais pu refuser malgré mon amour des coulisses.
Mais quelque chose survient toujours pour vous faire le coup du lapin au moment précis où vous vous sentez le mieux disposé envers l’Univers.
Dans cette pièce de Shakespeare, ainsi que le précédent incident l'a montré, le roi est souvent de mauvaise humeur, a mauvais caractère, s'énerve pour un oui ou un non, se fâche et d'une manière générale s'agite beaucoup. Je pense qu'il en était ainsi dans la discussion qu'il avait avec cet autre personnage dont j'ai oublié le nom et le reste. Sans doute a-t-il tapé du pied, fait vibrer les planches ou bousculé la tenture qui servait de décor. Toujours est-il que le blason royal, agrafé à celle-ci, perdit l'une de ses attaches et bascula.
Je ne sais si vous avez déjà eu l'occasion d'observer un blason à l'air penché ou de méditer sur l'effet qu'il peut produire sur les témoins d'une telle anomalie. Il semblerait que cela soit insupportable pour une majorité de personnes car un type qui se disait régisseur me demanda d'aller redres.... (Ici, les "quelques mots de présentation" de Dan ont été coupés par Over-blog qui trouvait son commentaire un peu trop long...*)
Oncle Dan
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NDLR :
- Participation à L'Atelier de Mijoty (p.56-57)
- Participation à La Boîte à rêves : "La boîte à rêves d'Adelphe Ytlor" (p.88-89)
- Participation à La Marguerite des possibles : illustration p.121
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* La fin de sa présentation a été postée par Oncle Dan ici :
(sa galerie, sans commentaires, mais on peut lui laisser un message)
(ancien blog, actuellement vide)